Lire, écrire, compter, coder (FYP Editions)


MISE A JOUR septembre-octobre 2015

Le Président de la République en lançant la démarche « Grande Ecole du numérique » :

//platform.twitter.com/widgets.jset la Ministre de l’Education en lançant la Code Week France 

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ont repris le titre de notre ouvrage en forme de clin d’oeil, démontrant ainsi que la bascule institutionnelle sur la question de la généralisation de l’apprentissage d ela programmation informatique est belle et bien faite !


Je me rends compte que j’ai même pas publié de post sur mon dernier livre, toujours co-écrit avec mon complice Nicolas Danet (comme Anonymous fin 2011), qui traite de la question de la démocratisation de l’apprentissage de la programmation informatique.

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Passer de l’autre côté de l’écran en apprenant la langue des machines (ordinateurs, téléphones, robots, électronique, objets connectés…), c’est arrêter d’être un utilisateur et pouvoir enfin reprendre la main, créer et renverser l’asymétrie et le rapport de force avec la technologie, la contrôler. Tout ça va donc beaucoup plus loin que de se doter d’une compétence très recherchée sur le marché du travail ou de pouvoir « monter une startup », il en va de notre souveraineté, de notre citoyenneté et de notre émancipation (voir ici).

Dans cet ouvrage tous publics, Nicolas et moi reprenons les choses à la base – qu’est ce que la programmation ? pourquoi est-ce si important ? pourquoi veut on que nos enfants en fasse à l’école ? pourquoi plusieurs pays l’ont déjà mis en place ? – et proposons une description des enjeux et des méthodes qui permettent de mieux comprendre, et d’apprendre ce « latin du XXIème siècle », de s’amuser en « codant » et de créer des choses utiles, drôles ou rentables avec ce savoir faire accessible à tous.

MOOCS, écoles, ateliers pour enfants : il existe plein de moyens de découvrir et d’agir créativement avec le numérique. Un livre à mettre entre toutes les mains : éducateurs, médiateurs et animateurs, parents, ados, demandeurs d’emplois, startupers ,professionnels et citoyens voulant en savoir un peu plus sur le monde numérique qui nous entoure.

On en parle (critiques, compte rendus de lecture…) sur :

 

L’hacktivisme et moi : suite et fin…

Fidèle à ma vision et tradition exutoires du blogging, voici un article destiné à faire le point sur le pourquoi je me suis intéressé à l’hacktivisme, le pourquoi j’ai provoqué récemment un débat assez violent dans le petit landerneau du web français et surtout le pourquoi je ne m’y intéresserais désormais plus que sous un aspect privé.

Sans refaire l’histoire, dont une partie est écrite ici, c’est bien parce que je m’intéresse à la politique (j’ai fait science po et une maîtrise de sociologie politique) et à l’engagement (un besoin personnel qui a toujours été présent chez moi) que je me suis intéressé aux phénomènes politiques portés par les technologies et les usages d’Internet, que je me suis progressivement professionnellement spécialisé dans les ONG et la communication responsable en co-fondant l’Agence LIMITE, et enfin que j’ai entrepris, avec Nicolas Danet, d’écrire un livre sur Anonymous.

Mais cet intérêt pour l’hacktivisme, je l’ai investi avec ce que je suis, de mon point de vue à moi, avec mes prismes personnels et professionnels, bien entendu, et pas en universitaire (Biella Coleman le fait très bien), ni en journaliste à sensation (pas de noms) et encore moins en spectateurs engagés ou pseudo-acteurs ayant un pied dans chaque camp (surtout pas de noms là non plus). De telle sorte que c’est bien parce qu’il renouvelle l’activisme, qu’il permet de démocratiser l’éthique hacker et les outils, et qu’il peut permettre de fédérer le plus grand nombre autour de thématiques importantes (liberté d’expression, censure, partage, neutralité, participation, action…) que l’hacktivisme m’intéresse. Et c’est là que c’est cristallisé certains points de désaccord très vite transformé en hostilité avec le sérail (autoproclamé) des hacktivistes français.

Retour sur une polémique à la manière d’un arbre qui cache une forêt.

Après un accueil enthousiasme du grand public pour notre livre « Anonymous », qui faisait écho et suite à l’accueil populaire mondial pour Anonymous en tant que phénomène politique, le microcosme hacktiviste a réagi de manière contrastée. Au niveau global des voix se sont élevées du côté de « l’élite » ou de l’underground pour critiquer les « script kiddies » et les kikoolols qui ne savaient pas ce qu’ils faisaient en défendant bêtement Mégaupload ou en pratiquant le DDoS. Et en France les protagonistes de la sphère hacktiviste ont hésité entre l’indifférence, le mépris ou la collaboration discrète avec Nicolas et moi en tant qu’auteurs du premier livre francophone sur Anonymous (il reste à ce jour le seul), avec LIMITE en tant qu’acteur du rapprochement entre hacktivistes et ONG, et vis-à-vis de moi à titre personnel car je prenais la parole dans les médias sur la thématique Anonymous, Télécomix ou hacktiviste au sens large, mais aussi sur IRC et ailleurs.

L’idée générale, qui transpire dans tous les textes, débats et commentaires, que vous trouverez ci-dessous, c’est que je n’ai pas le droit de m’exprimer sur ces problématiques, que je n’y comprend rien, n’étant pas moi même un hacker / hacktiviste / hackeriste / nétocrate), et donc que je ne devrais donc pas l’ouvrir et surtout pas insister sur les points clés de ma critique à l’encontre des hacktivistes en France, mais aussi au niveau international. Rappelons donc quels sont les points clés de ma critique, ce que sont ces « maladies » de l’hacktivisme (français), et le pourquoi je l’ai appelé à « changer de posture » dans Reflets.

L’élitisme et l’arrogance des hackers d’abord, et leur mépris du grand public, qui a naturellement contaminé l’hacktivisme, parce que les hackers et leur vision du monde y sont prédominant. Cet élitisme snob a été analysé dès les débuts du réseau et de la cyberculture, Tim Jordan a écrit des choses assez définitives sur la cyberélite en lutte avec les internautes normaux, la lutte des classes et le dualisme numériques qui ignore les déconnectés et la réalité non numérique. L’hacktivisme, spécialement en France, c’est donc une technocratie (la nétocratie), et en plus c’est une oligarchie un peu bobo, mais elle se prend pour une démocratie, un mode participatif et se pare des atours de l’horizontalité alors qu’elle est pyramidale et minée par les « égo-trips » de personnes auquel le succès médiatique ou l’anonymat a donné des chevilles gonflées. Même Télécomix et Anonymous payent cette recomposition autour de figures tutélaires, ce mode « pseudonymous », mais heureusement « l’idée d’Anonymous » ou ce qu’à représenté Télécomix avant sa médiatisation ne sont pas réductibles à ce qu’ils sont devenus. Le manque de culture politique aussi, et la croyance que la formalisation et les relations avec des organisations structurées est « le mal », ça aussi il y a aurait encore des choses à en dire. Et c’est précisément pour cela que j’avais appelé de mes voeux à la formation d’une coalition des mouvements hacktivistes et des individus se sentant proches de cette mouvance, précisément afin de :

– tuer l’effet microcosme => faire taire les égos et les orgas trop puissantes : dans ce pays, rien n’est possible au niveau du numérique et de la défense des libertés sur Internet si BB, JZ et tutti quanti n’ont pas donné leur accord en tant que figures tutélaires, tout le monde attend leur feu vert pour bouger, c’est un fonctionnement oligarchique pas très sain et loin du modèle du bazar (plus en mode cathédrale)…

– lobbying et plaidoyer => créer de synergies sur ce sur quoi tout le monde est d’accord, éviter la dispersion, parler d’une voix rassemblée sur les gros dossiers, fournir un interlocuteur global aux pouvoirs publics et aux entreprises et aux ONG et aux partis politiques => comme une fédération, un syndicat interprofessionnel, une coordination ou une alliance…

– toucher le grand public => mener des campagnes d’information et de communication à destination du grand public pour changer les comportements, interpeller, faire de la propagande et faire bouger les mentalités de manière groupée et sur des messages qui font consensus , il y a 40 millions d’internautes en France et seulement quelques milliers de geeks qui font la plus et le beau temps, ça suffit !

Pour reconstituer la prise de conscience qui a abouti à mon coup de gueule, au débat et à ma décision de ne plus prendre part aux échanges sur le sujet « hacktiviste », voici une reconstitution chronologique :

– 5 mai 2011 : organisation d’un webreakfast en petit comité entre Télécomix (okhin) et des ONG françaises

– de février à novembre 2011 : recherche documentaire, entretiens, écriture et publication d’ « Anonymous. Pirates informatiques our altermondialistes numériques » (FYP Editions)

– début février 2012 : conférence débat hackers/ONG durant la Social Media Week, avec Télécomix, la FIDH, Greenpeace, la Croix Rouge, Open Street Map, largement couverte par les médias

– le 3 juin 2012 : organisation d’un atelier et d’un démo de drones par des agents Télécomix au Salon des solidarités, avec soutien média de mon fait (voir ici chez OWNI par exemple, et là chez France 24) ;

– le 28 juin 2012 : une conférence de Richard Stallman que j’ai co-organisée et qui m’a permis de comprendre, car j’ai hébergé chez moi, côtoyé et organisé des interviews pour le « grand homme du libre », le rôle que jouait des figures comme RMS dans l’idéologie élitiste des hacktivistes/hackers ;

– 17 juillet et 15 août 2012 : deux articles emblématiques de ce que je dénonce car ils concernent le traitement et le comportement médiatiques de Télécomix dans le cadre de l’#OpSyria : l’un publié dans Libération (« Un squat déterre le hack de guerre« ) et l’autre dans Rage (« Je suis un anarchiste » article auquel j’avais souhaité faire une réponse qui a été publiée récemment mais un peu tronquée et à retardement malheureusement) ;

– août 2012 : l’entretien déclencheur « piège » que m’a tendu Yovan dans Reflets « L’hacktivisme doit changer de posture » et ses nombreux commentaires très instructifs pour comprendre les tenants et aboutissants et les acteurs de ce débat ;

– la réponse de Bluetouff dans Reflets (« Les hackers, la cathédrale et le bazar« ), et l’explicitation de la véritable pensée arrogante qui se trouve derrière le sérail hacktiviste : la Netocratie, les rebonds de Yovan et de Kitetoa, et celui de Tris aussi qui est à elle seule un emblème de la schizophrénie du landerneau ;

– 8 septembre 2012 : l’émission Place de la Toile sur France Culture consacrée à notre débat (ré-écoutable), que j’ai provoquée par un message à Xavier et Thibaut et qui a très vite rempli et flatté l’égo de Yovan et Bluetouff qui se sont empressés de répondre présents !

Quelle conclusion ?

A l’opposé, Wikileaks en passant de Mendax à Assange a sauté le pas et, avec Bradley Manning, se sont véritablement et considérablement exposés, eux méritent le soutien populaire, des campagnes et tout l’intérêt médiatique possibles. Occupy également est symptomatique de cette tendance positive qui a réussi, en gommant par le consensus tout porte parole et tout égo-trip, à créer une brèche dans l’histoire des idées et des mouvements sociaux.

Toujours est-il qu’à de rares exceptions près, et qui étaient déjà programmées (un article dans une revue de Sécurité sur le fait qu’Anonymous n’est pas une menace et que la cyberguerre est un mythe + 2 interventions le 18 octobre prochain sur les relations hacktivistes/ONG à Paris Web et dans le cadre de la Fonda avec les mouvements altermondialistes), je ne m’exprimerais plus publiquement, ni ne publierais sur la thématique de l’hacktivisme, les relations avec les ONG, Anonymous, Télécomix, etc.

Mais je continuerais à m’y intéresser, à suivre de près les conséquences des points clés de ma critique des maladies qui touchent le phénomène hacktiviste, et qui ne manqueront pas de se faire sentir dans les prochains temps, et à penser qu’un autre hacktivisme est possible s’il change de posture.